Aller au contenu principal
Publication

Crise sanitaire, bonnes pratiques et innovations - La puissance de la proximité

La crise du Covid 19 et le premier confinement ont poussé de nombreux acteurs à réagir dans l’urgence et à innover. L’Odas a souhaité en tirer des enseignements en analysant une sélection de bonnes pratiques et initiatives inspirantes mises en œuvre par les collectivités locales et leurs partenaires pour faire face à la crise sanitaire, à partir du premier confinement. Ce travail a été soutenu par le Ministère des Solidarités et de la Santé via la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS).

« Les nombreux retours d’expériences ont montré que la crise a conduit à une grande mobilisation et créativité de l’ensemble des acteurs de terrain (Etat, collectivités locales, associations) afin d’assurer la continuité de la prise en charge des personnes vulnérables (…). Il y a donc un enjeu majeur à capitaliser sur ces bonnes pratiques, ces avancées ou innovations organisationnelles et à expertiser l’opportunité de prolonger certaines de ces initiatives locales, les pérenniser ou les développer dans d’autres territoires », relevait la DGCS.

L’Odas a donc expertisé et analysé les conditions d’émergence et les facteurs de réussite d’une dizaine d’actions portées par des acteurs de terrain pour faire face aux multiples déstabilisations individuelles et collectives que cette crise a provoquée.

Ces initiatives, prises pour répondre à l’urgence, prouvent qu’il est possible de s’organiser autrement et efficacement pour répondre à différents besoins. Elles sont des illustrations exemplaires d’une action agile dont la finalité prévaut sur le strict respect des règles. Elles montrent également la puissance de la proximité : les institutions publiques n’auraient pas pu satisfaire seules, les besoins d’habitants, pour certains vitaux, aussi rapidement et efficacement sans l’engagement, la réactivité et l’inventivité des acteurs de terrain et des habitants eux-mêmes.

Si l’on veut tirer les enseignements de ces initiatives pour renouveler fondamentalement nos pratiques, dans une logique durable de transformation sociale, cette étude montre que certaines conditions sont indispensables.

La première condition est la nécessité de créer et d’entretenir un climat de confiance entre tous les acteurs et les institutions dans chaque territoire. Cela ne se décrète pas mais se sécrète. Il s’agit d’abord de s’appuyer sur la prise de conscience que personne ne peut agir seul compte tenu de l’ampleur et de la complexité des problèmes. Pour y parvenir, le développement de l’observation partagée est indispensable afin de s’accorder sur les finalités et de mettre en commun l’ensemble des connaissances concernant les besoins mais aussi toutes les ressources et les potentiels locaux.

La seconde condition est de laisser l’espace nécessaire pour que l’initiative locale soit possible. Incontestablement, les marges de créativité laissées aux acteurs se réduisent d’autant que les politiques publiques sont de plus en plus mises en œuvre par le biais d’appels à projets. Or cette méthode ne pourra jamais impulser ni capter ces initiatives. De plus, une partie des collectivités, des associations et des habitants eux-mêmes ne disposent pas de l’ingénierie pour y répondre.
De surcroît, l’application sans discernement du principe de précaution et le refus du droit à l’erreur limitent l’inventivité. Pourtant les initiatives les plus intéressantes naissent souvent dans les marges de la réglementation ou par dérogation à celle-ci. Cette étude le confirme à nouveau. Les contraintes règlementaires et opérationnelles ayant été allégées pendant le premier confinement, tous ceux qui étaient disponibles ont eu davantage la possibilité de prendre des initiatives.

La troisième condition est un nécessaire changement de postures pour les financeurs et les décideurs. Leur rôle est bien sûr d’impulser : fixer le cap, les grandes orientations, les objectifs communs à atteindre, veiller à l’équité entre les territoires… Mais un second rôle s’avère de plus en plus stratégique, celui de « facilitateur ». Il prend des formes très diverses comme, par exemple, orienter, ou adapter les moyens, mettre en lien, accompagner les acteurs …

Pour que cette dynamique ne s’essouffle pas, pour que l’exceptionnel devienne la norme, il convient donc de réinterroger nos modes de décision et d’action tant au niveau national qu’au niveau local, d’ériger de nouveaux modes de coopération, de favoriser la co-construction et l’implication. Il s’agit de « faire avec » et d’aller à la rencontre de chacun, dans une logique de projet, pour, notamment, encourager l’attention des uns vis-à-vis des autres. C’est la voie pour influencer durablement les pratiques des acteurs contribuant à la cohésion sociale dans la société et favoriser le développement local.