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Dépendance et handicap : la décentralisation au service de l’autonomie

Il a fallu un été caniculaire en 2003 et ses dramatiques conséquences pour que l'opinion se saisisse enfin du caractère prioritaire du soutien à l'autonomie. C'est un pas en avant important mais qui est encore beaucoup trop limité au seul discours des moyens. Or chacun sait que face aux bouleversements sociaux, économiques, et démographiques de notre société, ce n’est pas avec le seul accroissement des modes d’intervention de la puissance publique que se règleront durablement les problèmes.

Il faut aussi s'interroger sur la performance de nos réponses. En effet, le modèle d’action sociale en France a été largement construit depuis les années 1970 autour d’une vision très segmentée des publics en difficulté, auxquels il convenait d’apporter une réponse spécifique. Aujourd’hui, cette perception principalement assistancielle des problèmes sociaux montre ses limites et la nécessité de s’inscrire dans une vision plus transversale des réponses.

En effet, qu’il s’agisse d’enfants en danger, de personnes très âgées ou de personnes handicapées, on retrouve chaque fois des besoins similaires d’accompagnement collectif ou de traitement de l’environnement pour compenser les effets négatifs d’un déficit de regard, de reconnaissance et de soutien qui constituent souvent des facteurs déterminants du processus d’exclusion. De plus, l’amplification et la complexification des risques sociaux dans leur dimension économique, relationnelle voire identitaire amènent à s’interroger aujourd’hui plus activement sur l’optimisation des réponses par la simplification des procédures et la coordination, ce qui nécessite souvent une rationalisation des rôles.

C’est dans ce contexte que se développe aujourd’hui une réflexion approfondie sur les modes d’action les plus appropriés pour relever le défi du vieillissement, qui se traduit sur le plan social par l’accroissement du nombre de personnes dépendantes mais aussi des personnes handicapées, grâce à l’amélioration de l’espérance de vie. On recherche tout à la fois à mieux répondre aux besoins des personnes concernées et de leur famille, à réduire ou compenser la dépendance ou le handicap, à garantir davantage leur dignité. Et tout cela à un moment où les contraintes financières de notre système de protection sociale se précisent.

L’enjeu est donc de taille. Pour y faire face, il faudra que les collectivités publiques, mais aussi l’ensemble de la société, s’impliquent davantage dans la revitalisation du tissu social et le renforcement des solidarités de proximité. C’est d’autant plus crédible que l’acte II de la décentralisation vise notamment à renforcer l’ancrage du social dans le local.

On voit ainsi se dessiner un nouveau paysage social où deux mots clés s’imposent : global et local. Autrement dit, on peut s’interroger aujourd’hui plus utilement que jamais, avec la transformation de l’environnement institutionnel, sur un traitement plus convergent des problématiques des personnes âgées dépendantes et des adultes handicapés.

Il faut pour cela bien observer qui sont ces publics et quels sont leurs besoins (Titre I) et vérifier si la décentralisation, telle qu’elle a été mise en œuvre jusqu’à présent, a su répondre à leurs évolutions (Titre II). Fort de ces constats, il est possible de dégager quelques perspectives pour un acte II de la décentralisation qui renforce la cohérence et l’efficacité des réponses (Titre III).