La Journée citoyenne investit les collèges et EHPAD
Lancée par le maire du petit village de Berrwiller (Haut-Rhin) il y a onze ans, et soutenue depuis par l’Odas qui porte son essaimage, la Journée citoyenne sera organisée par plus de 1500 villes et villages de France en 2018. Elles tenteront de battre le record de mobilisation de l’année précédente lors de laquelle près de 200 000 habitants volontaires avaient répondu présents. Mais surtout, elles compteront à leurs côtés de nouvelles institutions : les collèges et EHPAD. En effet, grâce à l’investissement du Conseil départemental du Haut-Rhin, l’expérience s’étend désormais dans plusieurs établissements pilotes du Département.
Dans le prolongement de la Journée citoyenne, la maison de retraite La Roselière à Kunheim a ouvert ses portes aux bénévoles à l’occasion de sa deuxième semaine citoyenne du 19 au 24 mars 2018. Brigitte Klinkert, présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, a participé au lancement aux côtés des bénévoles.
Durant cette semaine, de nombreux ateliers étaient proposés : mise en place de nouveaux meubles dans une soixantaine de chambres, réaménagement des espaces verts, nettoyage des fauteuils roulants, des véhicules et des vitres, travaux de peinture… Mais surtout participation au transport des personnes, accueil de jour, aide aux repas auprès des personnes en perte d’autonomie et participation à l’ensemble des animations proposés aux résidents de la maison de retraite.
Chaque journée de travail débutait par une courte intervention pour sensibiliser les bénévoles à la gérontologie et la perte d’autonomie. En ouvrant la maison de retraite à de nombreux bénévoles durant une semaine, la volonté est clairement affichée : contribuer au changement de regard sur le grand âge et la prise en charge des personnes âgées dans un esprit de cohésion sociale, de solidarité et d’échanges intergénérationnels. Ainsi, cette semaine citoyenne est un moyen de découvrir de l’intérieur la maison de retraite et de contribuer de manière concrète au mieux-être des résidents.
Cette semaine citoyenne a permis de mobiliser plus de 200 habitants bénévoles dont 60 jeunes venus d’établissements scolaires proches. De l’avis de l’ensemble des participants (un questionnaire de satisfaction avait été remis à chacun) mais aussi des résidents et du personnel, cette semaine a été un véritable succès sur le plan humain. Sans compter les nombreux travaux réalisés qui ont permis d’améliorer le cadre de vie des résidents.
Cette semaine citoyenne a également fait naître de nouvelles vocations dans le bénévolat en faveur des personnes âgées de la Roselière. Une demie douzaine de participants à la semaine citoyenne sont en effet aujourd’hui bénévoles tout au long de l’année.
Le Conseil départemental envisage d’étendre cette action dans d’autres maisons de retraite, et souhaite également « sensibiliser les collégiens et la jeunesse à l’engagement citoyen » a souligné Brigitte Klinkert.
Car les collèges du Haut-Rhin ne sont pas en reste. Après le succès de l’expérimentation dans le collège l’Ill à Illfurth, l’heure est désormais à l’essaimage. En effet, le 17 mai 2017, ce premier collège pionnier avait organisé, en présence de l’équipe de l’Odas, près d’une quarantaine d’ateliers, mobilisant ses 400 élèves durant une demie journée, avec le soutien et la participation de l’équipe éducative, des parents d’élèves et des partenaires extérieurs (collectivités, professionnels des secteurs publics et privés) : apprentissage des gestes de premiers secours, création d’une station météo, rénovation des bancs de la cour, création d’un enclos et d’un abri pour chèvres, de l’abri bus et du bardage de la salle polyvalente, décorations diverses, ateliers culinaires, rencontre avec les anciens de la commune d’Illfurth…
Pour soutenir cette dynamique et l’étendre à l’ensemble des établissements du territoire, le 10 avril, le Conseil départemental réunissait près de 40 chefs d’établissement publics et privés pour une réunion d’information et de travail en présence de l’Odas et de Fabian Jordan. Plusieurs des collèges présents n’avaient d’ailleurs pas attendu pour se lancer dans cette démarche visant à sensibiliser les jeunes et à créer un engagement citoyen. En effet, certains d’entre eux lanceront dès 2018 leur première Journée citoyenne.

La Journée citoyenne : une révolution tranquille ?
Depuis plusieurs années, convaincu que la Journée citoyenne porte en elle le ferment d’une transformation profonde de la société en faveur du « vivre ensemble », l’Odas s’est engagé dans son essaimage.
27 ans d’observation des politiques publiques, de l’action locale, et d’expertise de l’innovation sociale ont en effet démontré que les acteurs locaux ont un rôle déterminant pour soutenir la construction des liens sociaux et de repères plus partagés. Au fil de ses travaux, l’Odas a en effet constaté que la question sociale s’était considérablement transformée ces dernières années. Il y a trente ans, on pouvait encore dire que les politiques d’action sociale ne concernait que les plus pauvres. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Une part de plus en plus grandissante de la société est concernée, car la question économique n’est plus le seul vecteur d’exclusion en France. Deux autres dimensions sont tout aussi délétères : la dimension relationnelle, liée à l’affaiblissement des liens sociaux qui entraîne de l’isolement, du repli, de la défiance, de la méfiance, voir la peur ; et la dimension identitaire, liée au manque de repères partagés, qui fait que aujourd’hui le projet collectif ne va plus de soi et qui pose la question de la reconnaissance et de l’utilité sociale.
Or, avec la Journée citoyenne, les habitants d’une commune, d’un quartier, d’une rue… apprennent à se parler et à se respecter… à faire société. La Journée citoyenne permet ainsi de mobiliser les véritables ressources du territoire (les habitants) afin de développer les liens et les repères. Car on peut dire que si la liberté et l’égalité sont d’avantage de la responsabilité de l’Etat, la fraternité est du ressort du local. Or, on a souvent tendance à l’oublier : le lien social ça se provoque, ça s’entretient. En un mot : ça se tisse.
Contact : Joachim Reynard - joachim.reynard@odas.net