Aller au contenu principal
Recherche

L’Odas lance sa prochaine recherche action : « La place des personnes âgées dans la cité »

Notre société a fait de la retraite une véritable barrière des âges, qui contribue à la mise à l’écart des plus âgées de nos concitoyens et à la diffusion d’une vision dévalorisante de la vieillesse. Car si une minorité de personnes, touchées par des incapacités liées à l’âge ou la maladie, a besoin d’être soutenue, les plus âgés, dans leur grande majorité revendique avant tout leur utilité sociale. D’où la formule portée par l’Odas : « les personnes âgées ont plus besoin d’aider que d’être aidées ».

En effet, la collaboration entre les âges et la reconnaissance de la place des personnes âgées dans notre société servent non seulement leur intérêt en favorisant le « Bien vieillir », mais également celui de toute la société, comme facteur de richesses économiques, éducatives… et de cohésion sociale. Dans un pays où un tiers de la population aura demain plus de 60 ans, les enjeux sont considérables et nécessitent la mise en œuvre de dynamiques nouvelles et ambitieuses.

Cette évolution est déjà amorcée, notamment avec la loi d’adaptation de la société au vieillissement, votée le 28 décembre 2015. Loi d’orientation, elle dépasse le simple cadre de la prise en charge de la dépendance pour s’articuler autour de trois priorités : l’anticipation, l’adaptation et l’accompagnement. Comme le rappelle l’exposé des motifs : « cette dynamique d’ensemble permet de porter un nouveau regard sur les âgés, de consacrer leur place, de reconnaître leur rôle fondamental dans la société et de saisir le potentiel que représente la croissance démographique pour la croissance et l’emploi ». D’autres initiatives, à l’exemple du programme MONALISA ou de la démarche Villes Amies des Aînées, antérieures à la loi, participent de cette ambition.

La loi a également renforcé le positionnement des Caisses de retraite, en confirmant le rôle stratégique de l’Inter-régime (CNAV, CCMSA, RSI CNRACL) en matière de prévention de la perte d’autonomie et de « Bien vieillir ». Du côté des collectivités, si les Départements ont été renforcés par la loi ASV dans leur mission de coordonnateurs des politiques d’autonomie, les communes ont également une antériorité en matière de soutien aux personnes âgées et la capacité à mobiliser de nombreux leviers d’action autres que l’action sociale (urbanisme, logement, transport, culture, éducation…). Par ailleurs, une étude récente du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) a révélé la part croissante de personnes âgées dans les quartiers en politiques de la ville. Aussi, en tenant compte de la multiplicité des acteurs et d’une approche nécessairement transversale, la loi ASV a posé les bases d’une nouvelle gouvernance des politiques publiques en faveurs des personnes âgées : Conseil départemental de la citoyenneté et de l’autonomie, Conférences des financeurs…

Il s’agit donc aujourd’hui, plus fondamentalement, de repenser la place occupée par les personnes âgées dans notre société. Dès 1994, plusieurs études conduites par l’Odas ont permis de mettre en relief, à travers l’observation des attentes des personnes et l’inadéquation des réponses publiques, la nécessité d’inverser notre regard sur les aînés. Ce fut notamment le cas lors d’une l’enquête auprès des personnes de plus de 75 ans des villes de Cannes, Issy-les-Moulineaux et Roanne. De même, le travail de recensement et d’expertise d’actions inspirantes mené par l’Agence des Pratiques et Initiatives locales (www.apriles.net), a permis de mesurer à quel point la mobilisation de retraités, notamment auprès d’enfants et de jeunes, pouvaient avoir un impact positif sur les deux publics concernés, certains aînés n’hésitant pas à parler de « boucliers contre la dépendance ». Parmi ces initiatives on peut distinguer notamment l’Outil en mains, Lire et faire lire, mais aussi la démarche d’ECTI… C’est pourquoi, fort de ces constats, l’Odas n’hésite pas à soutenir des initiatives telles que La Journée Citoyenne, qui favorise concrètement la collaboration des âges


Modalités de mise en œuvre

L’Odas engage, en partenariat avec la CCMSA, la CNAV, les autres membres de l’inter-régime et des partenaires potentiellement concernés par les dynamiques de territoires (CGET, Association de Maires), une recherche-action (qui durera de deux à trois ans - 2018-2020) dans quelques communes ou intercommunalités déjà fortement impliquées dans cette problématique (Angers, Arras, Bordeaux, Paris, Saint-Jean-de-Maurienne et Suresnes). Il s’agit d’identifier dans chaque territoire les leviers spécifiques permettant d’associer le plus grand nombre de personnes âgées à des démarches de revitalisation des liens sociaux et des solidarités de proximité, à travers entre autre leur engagement éducatif. Cette recherche-action a ainsi pour objectif de bâtir de nouveaux modes de coopération entre les communes, les départements, les organismes de protection sociale et les associations autres que celles traditionnellement investies auprès des aînés. Elle s’efforce également d’identifier des facteurs de mobilisation des personnes âgées sur des actions non stigmatisantes, favorisant leur inclusion sociale et leur qualité de vie. Elle pourrait aboutir à la généralisation de dispositifs et à une modélisation de l’implication des retraités sur les territoires.

La première étape de la recherche-action consiste dans la mise en place dans chaque collectivité d’un comité de pilotage, permettant une collaboration active entre les acteurs concernés. Celui-ci a pour mission de dresser un diagnostic de la situation puis de définir les axes prioritaires que chaque collectivité souhaite investir (éducation, insertion des jeunes, participation citoyenne…). A partir de ce recensement des besoins, sont alors définies les modalités de réalisation des objectifs, dont notamment la mobilisation des aînés, la coopération entre les différents professionnels, et l’évaluation des résultats. En outre, cette instance de concertation peut définir les pistes permettant d’associer l’ensemble de la population à cette dynamique.

Enfin il est important de relever que cette recherche-action est suivie par un comité de pilotage national, composé de représentants des partenaires impliqués. Ce comité auditionnera par ailleurs des personnalités qualifiées.

> Contact : Arthur Caillé