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Événements

Maires : Une mobilisation sans précédent - Retour en vidéo sur le colloque au Senat

Toutes les enquêtes d’opinion le montrent : la crise de confiance des Français s’est considérablement accentuée ces dernières années. Même les maires n’y échappent pas, comme le laisse entrevoir l’important taux d’abstention des dernières élections européennes et municipales. Or, c’est au niveau municipal que peuvent s’épanouir les liens et les repères, indispensables au mieux vivre ensemble. Comment dès lors amplifier l’impact des politiques municipales ?
Pour répondre à cette interrogation, mercredi 4 juin 2014, l’Odas et le Collectif Appel à la fraternité organisaient, dans les salons Boffrand de la présidence du Senat, un colloque intitulé « Les maires et le pacte républicain », sous le haut patronage de Jean-Pierre Bel, président du Sénat, et en partenariat avec les principales associations de maires et institutions concernées.
L’objectif : faire le bilan des actions les plus marquantes en matière de renforcement du Vivre-ensemble, et réfléchir à l’adaptation et à la diffusion des initiatives les plus pertinentes.

En ouverture, Jean-Louis Sanchez, président du Collectif, a rappelé que “la promotion des valeurs collectives, des postures d’écoute et d’entraide”, permet d’éviter que “les citoyens ne s’éloignent les uns des autres et que se multiplient peurs, barrières et corporatismes”.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Jean-Louis Sanchez, délégué général de l'Odas

Un propos relayé par Pierre Méhaignerie, président de l’Odas, résolu et optimiste : “Tout est possible, cela dépend de nous ! N’attendons plus de l’état ce qu’il ne peut plus donner. Il faut en finir avec les réglementations qui n’en finissent pas et tuent l’initiative et la créativité des citoyens. Le changement doit venir d’en baset non d’en haut.”

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Pierre Méhaignerie, président de l'Odas et maire de Vitré

DES ACTIONS DANS LA DURÉE

Des maires et responsables d’association ont témoigné de la pérennité des actions engagées sur leur territoire ou dans leur sphère d’influence. Fabien Jordan est ainsi revenu sur la Journée citoyenne (Haut- Rhin), créé dans son village du Haut-Rhin en 2008. Il a souligné l’importance du taux de participation aux chantiers organisés dans le cadre de ces Journées. Des moments “qui permettent un véritable “partage de bonheur” entre élus et citoyens et développent le respect mutuel entre la population et la collectivité. On n’a jamais eu autant de moyens de communication on oublie juste de se parler…”. 49 communes voisines ont désormais repris et adopté le concept.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Fabian Jordan, maire de Berrwiller.

À Saint-Jean de Maurienne, le maire Pierre-Marie Charvoz a souhaité dès 2008 “que l’on puisse se rencontrer davantage dans les quartiers et dans la ville”. Cette politique du mieux vivre-ensemble est notamment passée par un continuum renforcé des pratiques artistiques et culturelles, la transformation de la Semaine bleue en semaine intergénérationnelle et la mise en place d’un Conseil intergénérationnel. À l’arrivée, grâce à une forte mobilisation, les habitants se parlent davantage et le fossé entre générations s’est largement comblé. “Rencontrer les autres est une idée simple, mais constitue aussi un sursaut démocratique et républicain” a conclu le maire savoyard.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Pierre Marie Charvoz, maire de Saint-Jean de Maurienne

Le Conseiller de Paris Atanase Perifan a créé dès 2000 la “Fête des voisins”. Misant sur “le gisement
de générosité” des particuliers, l’événement a conquis 36 pays, et 27 % des français y ont participé le 23 mai dernier. Ce qui révèle un vrai besoin d’entretenir la proximité et les relations de voisinage. Comme l’a souligné Atanase Perifan : “L’enfer, ce n’est pas “les autres”, mais d’être seul et de ne servir à rien”. Enfin, le général Gobilliard, président de la Société des Membres de la Légion d’honneur, a souligné le nécessaire engagement de ses membres en faveur des plus démunis et des défavorisés, engagement qu’il souhaite mettre dorénavant au service de la renaissance du lien : “Il s’agit désormais de mettre les forces de nos sections au service des maires lorsqu’ils s’engagent dans cette voie”.

il y a 5 ans|17 vues Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Athanase Perifan, créateur de la Fête des voisins.

À QUEL NIVEAU ET DANS QUEL CONTEXTE AGIR ?

À quel niveau impulser ces pratiques, à la fois simples à énoncer mais résolument innovantes ? D’évidence, c’est à l’échelon municipal que doit se situer la coordination des actions. Comme l’a souligné Jean-Louis Sanchez : “Proches des citoyens, les maires peuvent restructurer liens et repères”. Et cela même si le département ou l’intercommunalité restent des espaces privilégiés en ce qui concerne le monde rural ou péri-urbain.
Par ailleurs, la nature du tissu social ne constitue pas un obstacle au renforcement du vivre-ensemble. Le maire de Richwiller (Haut- Rhin), Pierre Hagenbach, a ainsi souligné que “les Journées citoyennes peuvent s’épanouir dans une ville de banlieue”. En l’occurrence, celle de Mulhouse. De la même façon, Ali Zahi, vice-président de la communauté d’agglomération “Est Ensemble” et conseiller municipal de Bondy (Seine-Saint- Denis), a souligné que les grosses intercommunalités avaient tous les moyens pour “redonner de l’espoir dans les quartiers pauvres”. C’est ainsi que sa communauté d’agglomération qui a favorisé l’expression des habitants, par exemple en ce qui concerne l’agencement des logements sociaux, et soutenu des initiatives émanant des habitants, formulées sur une simple demi-page…

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 -Ali Zahi, vice. président de la communauté d’agglomération Est Ensemble et conseiller municipal de la ville de Bondy

QUELQUES CONDITIONS POUR L’ACTION

Comme l’a souligné Pierre Méhaignerie, “Les systèmes centralisés rendent l’âme les uns après les autres. La société civile doit se mobiliser.” Un constat que n’est pas loin de partager Sabine Fourcade, directrice générale de la cohésion sociale. Pour elle, la difficulté est de concilier “profusion et généralisation”. Pour lutter contre l’uniformisation des réponses et favoriser la créativité, elle a annoncé le lancement du programme “Agile : Agir pour la gouvernance pour libérer l’initiative locale pour mieux lutter contre l’exclusion”. Cette expérimentation repose sur l’engagement de l’état d’assouplir les normes dès lors que l’ensemble des acteurs sociaux locaux s’accordent pour traiter des situations de manière intégrée au niveau départemental ou interdépartemental. Cette évolution passe aussi par un “changement de posture” des travailleurs sociaux, les conduisant à coconstruire avec des citoyens actifs”.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Sabine Fourcade, Directrice générale de la cohésion sociale

Parallèlement, à la restauration des relations sociales, le retour dans l’emploi constitue un levier fondamental dans le regain de confiance des citoyens. À cet égard, le développement du microcrédit a maintenant montré toutes ses vertus. Catherine Barbaroux, présidente de l’Adie, a souligné que le taux de pérennité des TPE crée par ce biais est de 70 % à deux ans et 60 % à trois ans. Et en tout état de cause, 84 % des bénéficiaires ayant échoué retrouvent un emploi et les pertes financières se limitent à 2,5 %.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Catherine Barbaroux, présidente de l’Adie.

Pour sa part, la sénatrice Jacqueline Gourault, présidente de la Fédération des élus démocrates, a insisté sur le besoin de formation des élus : le monde territorial est complexe et chacun ne sait pas nécessairement jusqu’où sa collectivité peut aller. “La formation est un lieu d’échange. Les hommes et les femmes agissent, mais la connaissance et la transmission de ce qui se fait ailleurs est essentielle. L’information est fondamentale dans le pacte républicain.”

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Jacqueline Gourault, sénatrice du Loir. et.Cher, Présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités locales

Une préoccupation que rejoint Jérôme Cordelier, rédacteur en chef au Point, tout en rappelant les limites de l’exercice médiatique : “Un média repose sur l’émotion et la passion. Quand l’un et l’autre se rejoignent, l’information est reprise, comme l’a montré l’aura de l’Abbé Pierre ou de Soeur Emmanuelle”. Mais il se veut optimiste : “Malgré un procès permanent fait aux médias, de plus en plus d’initiatives locales, collectives et solidaires, sont relayées par la presse nationale”.

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Jerôme Cordelier, rédacteur en chef au Point.

En conclusion Jean-Pierre Bel, président du Sénat, a apporté son “soutien à la démarche” en insistant fortement sur le rôle des maires. “Servir les autres permet de nous transcender. L’engagement de l’élu est sa motivation première. Nous sommes dans un pays qui a besoin de se bouger et de s’ouvrir aux autres sans complexe.”

Les maires et le pacte républicain - Colloque Odas au Sénat le 4 juin 2014 - Jean-Pierre Bel, président du Sénat