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Publication

Manifeste de l'Odas - Consolider le vivre ensemble. Ce qu’il est urgent (et possible) de faire

En s'appuyant sur plus de trente ans d’observation, menée avec une très grande diversité d’acteurs locaux et nationaux (communes, départements, associations, organismes de protection sociale, services de l’Etat), l'Odas a produit ce document pour apporter sa contribution aux réflexions en cours sur l’avenir de notre modèle de société.

Ce manifeste ne prétend pas aborder tous les sujets liés au vivre-ensemble. Il s’attache à traiter essentiellement de questions sur lesquelles l’Odas a mené des études, qui ont fait l’objet de débats menés avec ses partenaires et ses adhérents. A travers cet ouvrage l'Odas souhaite apporter une contribution utile aux travaux parlementaires et autres débats en cours concernant le développement local, l’éducation, la citoyenneté, le service public et la décentralisation.

Consolider le vivre ensemble

Lorsque nous sortirons de la crise sanitaire, nous serons confrontés à d’autres défis majeurs (économiques, sociaux, environnementaux…), pour remettre en ordre notre société. Or nous ne pourrons pas construire ce «monde d’après» sans mettre fin à la prégnance de la défiance1 qui se diffuse partout dans le monde, avec ses conséquences néfastes – la peur de l’autre, le mépris des élites, l’aggravation des dérives sectaires2.

La France n’est pas épargnée, car le terrain est propice avec une sociabilité de plus en plus restreinte et affinitaire. C’est une caractéristique de notre pays, qui a pris son essor dans les années 1970, avec une pensée dominante qui, en glorifiant sans réserve l’autonomie des personnes, en a fait une fin en soi. Alors que la liberté devrait être avant tout une passerelle vers les autres, elle contribue au contraire à enraciner chacun dans son isolement, ce qui est favorisé par le développement des nouvelles technologies. En effet, avec la prolifération des réseaux sociaux, plusieurs réalités parallèles peuvent coexister, ce qui accroît les motifs de concurrence entre les personnes et limite les lieux où elles peuvent se confronter à l’altérité.

C’est ce qui explique que l’attachement aux valeurs collectives s’efface, ainsi que l’utilité de leur promotion. Faute d’espérance partagée, le retour en force des enracinements d’origine se vérifie partout. Ce n’est plus le futur mais le passé qui réunit, ce n’est plus un projet mais l’appartenance à un groupement social, religieux ou ethnique qui nourrit la vie collective, ce que d’aucuns qualifient de «communautarisme».

La nécessaire restauration des grandes valeurs du pacte républicain pourrait alors paraître illusoire, si l’extension de la vulnérabilité ne rendait pas dorénavant plus perceptible l’importance de la cohésion nationale. Ce qui semble se produire, car toutes les enquêtes d’opinion montrent que nos concitoyens entrevoient davantage la nécessité de mieux équilibrer valeurs collectives et valeurs individuelles3. Tandis que, dans le débat public, les
concepts exigeants de transition écologique et de citoyenneté active se diffusent plus largement.

Un mouvement qui pourrait être déterminant, s’il parvient à surmonter les multiples résistances au changement. C’est pourquoi il est urgent de lancer une dynamique de rassemblement de toutes les forces du pays, des habitants comme des responsables nationaux et locaux. Ce qui requiert de ne plus rechercher la source des difficultés dans la seule sphère des dirigeants, pour reconnaître aussi la responsabilité individuelle de chacun d’entre nous.

En effet, ce n’est qu’à cette condition qu’on pourra exiger des gouvernants qu’ils se repositionnent en véritables acteurs de civilisation. C'est bien de cela qu’il s’agit : construire un nouveau projet de société, soucieux de donner toute leur place aux dynamiques qui relient et aux valeurs qui rassemblent, en veillant à nous appuyer sur les élus locaux, qui détiennent les leviers indispensables à sa réussite.

C’est ce que l’Odas a pu observer ces trente dernières années, en vérifiant la capacité des maires à appréhender les besoins des populations sur le plan individuel mais aussi collectif. Nos concitoyens, qui aspirent majoritairement à des relations plus apaisées avec leur environnement (voir sondage de l’Odas en annexe) font confiance aux élus locaux pour agir dans cette direction.

C’est pourquoi l’Odas, en s’appuyant sur ses multiples enquêtes de terrain, n’a cessé d’affirmer que le rôle de l’Etat ne peut être exclusif en matière de cohésion nationale. Il doit s’appuyer le plus possible sur le savoir-faire des acteurs locaux dans trois directions: celles du développement local, de la citoyenneté et de l’éducation (chapitres 1, 2, 3). Ce qui nécessite une redéfinition du service public et une relation plus équilibrée entre l’État et les pouvoirs locaux (chapitres 4, 5).

> Télécharger le Manifeste de l'Odas

 

1 65 % des Français estiment que «l’on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres» (source: Baromètre de la fraternité, Labo de la fraternité et Ifop, mai 2020).
2 Cette augmentation, favorisée par la crise sanitaire, a été fortement mise en relief dans un rapport intitulé «Lutte contre les dérives sectaires» remis à la ministre déléguée en charge de la citoyenneté, le 25 février 2021 par un groupe d’expert de la gendarmerie et de la police.
3 Selon une enquête d’opinion réalisée par l’Ifop pour l’Odas en septembre 2021, 63% des personnes interrogées sont « prêtes à participer à toute action visant à créer ou à renforcer les liens entre les habitants ou entre les générations » (voir résultats de l’enquête en annexe).